Tandem définitivement inséparable, sans cesse en mouvement, la curiosité ouverte à tous les vents. Reflet de deux personnalités à la fois bâtisseuses et adaptables. Tout en cherchant à ressourcer leurs disques par les racines maliennes, ils imposent à chaque fois un grand brassage qui dynamite les genres. Une trajectoire unique qui les a conduit devant Barack Obama, sur la scène du mastodonte absolu des festivals (Coachella), à se produire en ouverture de la Coupe du Monde de football en Afrique du Sud et, même, à imaginer une série de concerts dans la pénombre la plus totale (Éclipses). Expériences évidemment non exhaustives. « On a de la chance, on a vu le monde entier ». Cette phrase significative d’Amadou, non dénuée d’auto-dérision, résume parfaitement l’aura fédératrice du duo.

Chaque album d’Amadou et Mariam est souvent l’aboutissement d’une ou plusieurs rencontres à la fois déterminantes et précieuses. Autour d’eux, sont déjà entrés dans la danse Manu Chao, Damon Albarn, – M -, Santigold, Tiken Jah Fakoly, Keziah Jones, Akon, TV On The Radio… Là encore, on pourrait rallonger la liste. Une collision festive d’artistes aux aspirations hétérogènes mais unis par une passion sans frontières. Pour ce huitième disque studio, Amadou et Mariam ont décidé cette fois-ci de faire une pause, pas de trace de duo ou de featuring. Retour à une démarche essentiellement centrée sur le duo malien. « On avait envie de revenir aux fondamentaux et je pense que notre public éprouvait aussi ce désir-là ».

Tour à tour complexe et brut, lumineux et sombre, aventureux et respectueux des velléités initiales d’Amadou et Mariam, ce trentenaire embrasse avec flair et fluidité les styles les plus éloignés. Capable autant de se caler hardiment sur une danse traditionnelle du Burkina Faso (Yiki Yassa) que de s’envoler vers des sonorités West Coast (Filaou Besame) pour célébrer les valeurs immuables des Peuls (des pasteurs nomades et musulmans de la région sahélo-saharienne) ou de laisser libre cours à des percées afro-cubaines (Fari Mandila). Son obsession ? Celle de remettre en selle l’héritage des orchestres d’hôtel, si caractéristiques à l’Afrique.