Comme son nom ne l’indique pas, ce groupe de percussion massive réputé dans le monde entier est français (le Bronx est le surnom d’un quartier de Varennes-Vauzelles). Un Bronx local qui engendre un bloc, une meute au milieu des machines. La cadence de l’usine et des ateliers sera son rythme. Le quadrillage urbain se fera motif et la musique surgira de leur matière première, le métal. Des bidons, des mailloches : Être radical c’est effectivement « prendre les choses à la racine ». Révélés en 1989 par Jean-Paul Goude, lors du bicentenaire de la Révolution, Les Tambours du Bronx ont alors porté leur blason musical de 225 litres hors de leurs terres.

Leurs influences sculptent une musique énergique et tranchante mêlant rock, indus, techno, metal et afrobeat, modelée de sons synthétiques et de samples. Une production collective de gestes et de fièvre, une chorégraphie où la force s’emballe, où la cadence s’électrise, où les voix se font cris, le tout dans une cohésion violemment esthétique. Plus qu’un groupe, des individualités sans pareil s’affrontent, s’accordent, s’unissent et se confrontent. Les Tambours du Bronx donnent ainsi un sens à l’expression « art vivant » : l’énergie, le flux, la vie même émane du jeu de cette bande à 16 têtes qui, loin de laisser de marbre, fascine et submerge.

Être là, entiers, debout et battre le fer comme s’ils allaient mourir demain. Et recommencer. Le public et Les Tambours interagissent, l’un nourrit les autres : le public est effectivement leur capital. L’épuisement n’existe plus, chaque musicien agissant, frappant, hurlant, avec l’énergie d’un public transcendé. La musique prend chair et on exulte avec eux. En 2023, leur performance n’a rien perdu de sa fougue, elle est même plus impressionnante que jamais.